PERCOLATEUR BLUES
Il s'agit d'une histoire d'amour, qui se détricote. Une passion amoureuse que le personnage central explore, consomme, consume, exploite, jusqu'à l'épuisement. Une quête amoureuse tout simplement. Mais pour laquelle rien n'est simple. La recherche du désir absolu, de celle qui l'incarne, du moins croit-on.
Le personnage central, c'est Cyril. Un veilleur de nuit qui veille mal, ou qui ne veille qu'un souvenir. Celui d'une fille qu'il a aimée, qu'il aime encore, à en devenir fou. Ne l'est-il déjà pas ? Alors qu'il ne l'a pas vue depuis trois ans, alors qu'elle vit au fin fond de l'Italie, il décide de partir à sa recherche. Le chemin est long pour retrouver l'objet du fantasme. Escarpé. Sillonné par les échos de la voix du narrateur.
A l'arrivée, le fantasme se désenchante, comme tous les fantasmes que l'on réalise, peut-être. La réalité s'impose comme un bloc de granit froid. Cyril est orphelin de passion. Il lui faudra alors se laisser surprendre, par d'autres femmes et par lui même, usé mais enrichi par son parcours initiatique.
Le va-et-vient entre Augustin Mulliez et Mathieu Herhard, qui interprètent à deux la même partition, souligne à la fois les paradoxes du thème et la poésie de la langue de Melquiot. Ce parti pris de mise en scène est une invitation à pénétrer l'intimité du personnage, ses complexités et ses incohérences. Le spectateur déambule au milieu de ce champ miné qu'est l'amour. Mais d'ailleurs, qu'est-ce que l'amour ? Où peut-il nous conduire ? Quelles choses curieuses nous rend-il capable de faire ? Dans quels égarements risque t-il de nous faire sombrer ? « Arrête de penser, laisse venir » se répond Cyril, traversé par les doutes et les aspirations de l'amour.
Le texte de Melquiot est magnifiquement mis en valeur par l'accompagnement musical de Vincent Jouffroy. Une musique qui souligne la poésie de l'auteur jusqu'aux limites du lyrisme, à certains moments. Mais le jeu reste charnel, sensuel, sans tabous. Si l'interprétation est au centre du processus de création, l'univers est dessiné avec subtilité par l'intervention de la vidéo, présente sans être étouffante. Elle vient ouvrir la scène et nous emporte vers l'Italie, à Falerne, où s'échoue le personnage.
Percolateur Blues, c'est un spectacle qui parle d'amour. Mais pas seulement. C'est un spectacle qui traite des égarements, du désir, de la résignation, de la vie. Un spectacle sensible et drôle à la fois, subtil et puissant.
Mise en scène / Augustin Mulliez
Texte / Fabrice Melquiot
Assistance à la mise en scène / Roxane Brumachon
Avec / Bess Davies, Mathieu Herhard, Sylvie Tamiz, Vincent Jouffroy, Augustin Mulliez
Création vidéo / Mathieu Gervaise
Création musicale / Vincent Jouffroy
Lumière / Vincent Bourgeau
Du 13 au 15 décembre, à 20h30
au Théâtre en Miettes, 2 rue du Prêche 33130 Bègles
réservations au 05 56 69 12 35
Par la Compagnie Le Dernier Strapontin