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Le petit colporteur

12 décembre 2012

PERCOLATEUR BLUES

 

percolateurblues1

Il s'agit d'une histoire d'amour, qui se détricote. Une passion amoureuse que le personnage central explore, consomme, consume, exploite, jusqu'à l'épuisement. Une quête amoureuse tout simplement. Mais pour laquelle rien n'est simple. La recherche du désir absolu, de celle qui l'incarne, du moins croit-on.

 Le personnage central, c'est Cyril. Un veilleur de nuit qui veille mal, ou qui ne veille qu'un souvenir. Celui d'une fille qu'il a aimée, qu'il aime encore, à en devenir fou. Ne l'est-il déjà pas ? Alors qu'il ne l'a pas vue depuis trois ans, alors qu'elle vit au fin fond de l'Italie, il décide de partir à sa recherche. Le chemin est long pour retrouver l'objet du fantasme. Escarpé. Sillonné par les échos de la voix du narrateur.

 A l'arrivée, le fantasme se désenchante, comme tous les fantasmes que l'on réalise, peut-être. La réalité s'impose comme un bloc de granit froid. Cyril est orphelin de passion. Il lui faudra alors se laisser surprendre, par d'autres femmes et par lui même, usé mais enrichi par son parcours initiatique.

 Le va-et-vient entre Augustin Mulliez et Mathieu Herhard, qui interprètent à deux la même partition, souligne à la fois les paradoxes du thème et la poésie de la langue de Melquiot. Ce parti pris de mise en scène est une invitation à pénétrer l'intimité du personnage, ses complexités et ses incohérences. Le spectateur déambule au milieu de ce champ miné qu'est l'amour. Mais d'ailleurs, qu'est-ce que l'amour ? Où peut-il nous conduire ? Quelles choses curieuses nous rend-il capable de faire ? Dans quels égarements risque t-il de nous faire sombrer ? « Arrête de penser, laisse venir » se répond Cyril, traversé par les doutes et les aspirations de l'amour.

 Le texte de Melquiot est magnifiquement mis en valeur par l'accompagnement musical de Vincent Jouffroy. Une musique qui souligne la poésie de l'auteur jusqu'aux limites du lyrisme, à certains moments. Mais le jeu reste charnel, sensuel, sans tabous. Si l'interprétation est au centre du processus de création, l'univers est dessiné avec subtilité par l'intervention de la vidéo, présente sans être étouffante. Elle vient ouvrir la scène et nous emporte vers l'Italie, à Falerne, où s'échoue le personnage.

 Percolateur Blues, c'est un spectacle qui parle d'amour. Mais pas seulement. C'est un spectacle qui traite des égarements, du désir, de la résignation, de la vie. Un spectacle sensible et drôle à la fois, subtil et puissant.

 

Mise en scène / Augustin Mulliez

Texte / Fabrice Melquiot

Assistance à la mise en scène / Roxane Brumachon

Avec / Bess Davies, Mathieu Herhard, Sylvie Tamiz, Vincent Jouffroy, Augustin Mulliez

Création vidéo / Mathieu Gervaise

Création musicale / Vincent Jouffroy

Lumière / Vincent Bourgeau

 

Du 13 au 15 décembre, à 20h30

au Théâtre en Miettes, 2 rue du Prêche 33130 Bègles

réservations au 05 56 69 12 35

 

Par la Compagnie Le Dernier Strapontin

www.ledernierstrapontin.fr

 

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26 novembre 2012

ET TOI TU MARCHAIS à l'Atelier des Marches, au Bouscat

 Création dans le cadre du festival NOVART Bordeaux 2012

 

 

ettoitumarchais

« Tais toi, j'écoute la musique ». Il faut entendre la musique qui se dégage du silence. La musique d'un souvenir persistant et qui pourtant s'évapore au long des trottoirs et des rues et des villes que lui, Il, parcourt. Il y a le brouhaha dehors, quelque part dehors, pas loin, avec ses urgences, ses alarmes, une ville semblable à tant d'autres, qui bouge et tourne à toute vitesse, à en perdre la tête. Et puis il y a la musique sourde de l'intérieur, marquée par le métronome du temps qui passe. Il y a le besoin irrépressible de fuir, d'avancer de rues en rues, sans s'arrêter, sans savoir où aller, de l'avant peut être. Et puis ce besoin non moins irrépressible du souvenir d'une Elle. Alors il va et vient, entre lui et ce qui l'entoure. Il semble tourner en rond, ne pas trouver le silence nécessaire en lui pour réentendre la musique. La solitude l'accompagne et le guide à travers les villes qu'il traverse.

 

La rencontre devait se faire, comme une évidence, entre l'écriture de Lionel Teixeira et Jean-Luc Terrade. Les deux s'épousent, se confondent et s'élèvent. Le mariage est insaisissable mais saisissant. Il nous enlève et nous transporte soit en lui, en Il, soit autour. A chacun de trouver sa place dans cette déambulation presque hypnotique. Chaque mot résonne comme le claquement d'une semelle sur le bitume d'une rue d'ici ou là. Et à travers eux chaque silence est une note, un appel à fermer les yeux et à laisser libre cours à quelques projections possibles. Et quand on rouvre les yeux, ces projections sont là, devant nous, sur des écrans qui recouvrent et paraissent étouffer le personnage tout en l'ouvrant sur l'infiniment petit.

 

L'écriture est ciselée, mécanique, calquée sur le mécanisme de la respiration et des battements de cœur. L'écriture est mécanique, mais humaine, sensible, à vif. Avec ce spectacle il n'est pas question de s'adapter à quoi que ce soit puisque c'est en nous qu'il résonne. Il parle de nous. Il est fait de nous, de nos silences, de nos musiques, de nos désirs, de nos souvenirs, de notre nostalgie et de nos solitudes. Il parle de ce que nous sommes. Cette invitation à traverser le brouillard du quotidien peut déranger, énerver, exaspérer, mais jamais elle n'ennuiera.

 

 

Mise en scène, scénographie, lumières / Jean-Luc Terrade
Texte / Lionel Teixeira
Avec Julien Pluchard et les voix de Jean-Luc Terrade, Claire Rosolin, Martine Lucciani, Benjamin Ducroq et Laurent Eyllier
Création vidéo et régie / Anaïs Cossa
Univers sonore et régie son / Benjamin Ducroq
Construction décors et régie plateau / Camille Mérignac
Graffeur Frédéric Raviole

Production Cie Les Marches de l'été, avec l'aide à la création de la ville de Bordeaux. Le texte de Lionel Teixeira bénéficie d'une bourse d'écriture de l'OARA.

Du 26 au 30 novembre 2012 à l'Atelier des Marches, 17 Rue Victor Billon, 33110 Le Bouscat (05 56 17 05 77)

www.marchesdelete.com

 

 

7 octobre 2012

Qu'est ce que le Petit Colporteur ?

Ce blog se veut être le journal de bord d'un passager qui traverse une époque où la culture et les arts semblent souffrants. Ce passager, c'est moi. Je viens de poser mes valises en Aquitaine, à Bordeaux, après avoir passé quelques années à Paris. Lorsque j'ai quitté Bordeaux en 2007 la situation du secteur culturel aquitain n'était pas brillant. La quasi totalité des structures du spectacle vivant souffraient d'un désengagement progressif et inexorable de l'état et des collectivités territoriales. Cette asphyxie de la profession avait démarré il y a bien plus longtemps et les artistes et techniciens du théâtre que j'ai pu rencontrer et avec qui j'ai pu travailler devaient déjà se satisfaire de peu, en sachant que la situation ne pouvait que s'aggraver.

 

Cinq ans après, le paysage culturel bordelais et aquitain semble avoir bien changé. Certains artisans qui s'illustraient comme des piliers de la profession ont remis leur tablier. Des compagnies ont disparu à cause d'épuisement. Les offres de certaines structures se resserrent. Les places sont plus rares. Un état qui n'a rien de bien surprenant. Révoltant néanmoins pour ceux qui ont connu des années fastes et qui se voient aujourd'hui avec des années d'expérience mais sans reconnaissance. Et quand je relis la charte des missions de service public pour le spectacle, datant de 1998, j'ai peine à croire que ce texte ait pu être élaboré par une ministre en concertation avec les collectivités territoriales puis envoyé par circulaire aux préfets. Ce texte a la teneur d'une utopie rédigée par des militants révolutionnaires. En s'appuyant sur le préambule de la Constitution française, sur le traité de Maastrich, sur le décret relatif aux attributions du ministre de la culture et sur les lois de décentralisation de 1982 et 1983, cette charte nous explique que l'engagement du pouvoir public pour l'art, la culture et le spectacle relève d'une conception et d'une exigence de la démocratie. S'ensuit une liste d'engagements qui résonne comme une succession de promesses creuses.

 

Le but recherché ici n'est pas de trouver des responsables, de blâmer ou condamner ceux qui ont délibérément ignoré ces promesses ou ceux qui n'ont pas eu le courage de les assumer. Le but est autre. Il s'agit pour moi de rendre compte de l'activité culturelle et plus précisément du spectacle vivant. Car il semblerait que dans ce chaos actuel il existe encore des artisans. Malgré les coups durs de ces dernières décennies, le spectacle bénéficie d'une force vive et d'une énergie qui semble inépuisable. Les artisans ont de nouveaux visages, utilisent de nouveaux modes de productions, s'arrangent comme ils peuvent pour survivre dans un contexte hostile.

 

La survivance de ces gens, de ces artistes, capables parfois de très grands sacrifices, est la preuve irréfutable qu'une société ne peut évoluer sans une forte énergie créative. Ces artistes, en recherche pour la plupart, fabriquent notre patrimoine de demain. Et si les pouvoirs publics ne parviennent plus aujourd'hui à leur consacrer la reconnaissance qui leur est due, nous avons tout lieu de croire que le temps rétablira ces ouvriers poètes.

 

Rendre hommage, d'une certaine manière, mais aussi être le témoin de cette activité en survivance, dans le bordelais et pour la région aquitaine, tel est l'objectif que je souhaite à ce blog. Toutes les contributions seront les bienvenues. La culture et le spectacle ne sont la propriété de personne et appartiennent à tous. Ils sont ce que nous en faisons et font ce que nous serons.

 

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